Le chagrin du bolchevik
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JC Lattès, Prémiére édition, 2004 |
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Traduction de Dominique Lepreux |
Le résumé du éditeur
Madrid, 8 heures du matin. Dans un moment d'inattention, un jeune banquier emboutit légèrement l'arrière d'un cabriolet. La conductrice, hystérique, l'insulte si violemment qu'il décide de se venger. C'est en la harcelant qu'il découvre l'existence de sa jeune soeur, Rosana, âgée de quinze ans. Sa vie prendra alors un tour insopçonné. C'est avec détachement, humour, tendresse que le protagoniste nous fait le récit de cet amour fou que finira par exploser comme une bombe. |
Cinq critiques
"C’est un beau conte sardonique et cruel que cet écrivain apprécié en Espagne a construit autour d’une très jeune fille, plus riche, plus séduisante, et bien plus rusée que le narrateur qui la convoite. Le chagrin qu’elle lui cause, il le compare à celui d’un moujik devant la grande-duchesse à peine nubile qu’il va fusiller à Iekaterinbourg en 1918. Dés le titre, le ton est ainsi donné, celui d’une narration raffinée dans laquelle le personnage masculin joue avec aisance des références historiques, littéraires et musicales. L’idylle bascule dans la tragédie et les émouvantes pages finales donnent un sens à la démarche du blasé sarcastique: il a tout perdu, il ne regrette rien." Jean Soublin, Le Monde "Un de ces mauvais jours qu’on préfère oublier, un jeune banquier emboutit le cabriolet d’une conductrice mal embouchée. Pris d’un coup de sang, il décide de lui rendre la vie impossible. Sans imaginer que sa vengeance le mettra sur la route de la sœur de celle-ci, Rosana, une beauté fascinante de 15 ans. Un nouveau «Lolita»? Derrière une dérision prévalant contre toute sensiblerie excessive, l’auteur décrypte avec une belle adresse narrative la rencontre avec l’autre, les ressorts douloureux d’une passion dont l’objet s’échappe et l’introspection éclairante qui en découle." Jeanne de Ménibus,
Le Nouvel Observateur. "Bolchevik, le héros de ce
livre ? Il serait bien le premier à être cadre dans une banque. Quant au
désespoir qui l’habite, il le rapproche davantage des dépressifs qu’affectionnent
Beigbeder ou (comparaison toutefois trop flatteuse) Easton Ellis que des
personnages de Zola, car c’est bien ici de misère psychologique qu’il
s’agit. Le chagrin bolchevique est en effet un mal bien précis aux yeux du
narrateur. De ce tourment, nous dirons seulement qu’il renvoie à la
tentation d’avilissement de la beauté, de la distinction, de l’innocence.
Une tentation longtemps dormante chez le narrateur et qui, par une
occasion fortuite, va se manifester dans toute sa force. A Madrid, par un
début de semaine cafardeux, notre anti-héros pris dans un embouteillage
emboutit par mégarde la voiture d’une femme. Le constat est houleux et le
narrateur quitte les lieux avec un sentiment d’humiliation et, oubli
providentiel, les coordonnées de la harpie. Désireux de se venger, il
l’épie et découvre sa jeune sœur, encore collégienne, ravissante, et qui
provoque chez lui une foule de sentiments ambivalents. Ici, l’auteur lâche
à dessein les indices les plus contradictoires. Cette rencontre sera-t-elle
l’occasion rêvée de la vengeance que le héros s’était promise ? Sera-t-elle
l’instant clé où cette amertume accumulée année après année (dans le
travail, les rapports humains, envers les femmes) trouvera enfin le moyen
de s’assouvir, ou va-t-elle au contraire s’avérer rédemptrice ? Tout
l’intérêt de ce roman réside dans ce thème singulier du chagrin du
bolchevik et dans le traitement peu banal de la notion du mal que propose
Lorenzo Silva. Mais celui-ci a privilégié le choix du suspense et de
l’intrigue de surface, enchaînant vivement les événements, sacrifiant la
radiographie nuancée de l’âme de son héros à la phrase qui fait mouche et
s’employant à ménager le mystère. On lui en saura gré, mais tout cela se
fait au détriment de ce qui lui aurait permis de rejoindre Easton Ellis et
autres Joyce Carol Oates au nombre des grands peintres de l’abjection.
Pour qu’un héros méprisable donne lieu à un roman qui fasse date, encore
faut-il que cette abjection soit décrite avec suffisamment de minutie, et
qu’on ait le sentiment d’avoir appris quelque chose sur le mal en question,
d’avoir été effleuré de son souffle. Les lecteurs en quête d’une lecture
distrayante avec héros désabusé et suspense bien mené ne seront pas déçus.
C’est le chagrin du lecteur qui attend ceux avides de grande littérature". "En une langue dynamique, humoristique et critique, cet auteur espagnol donne un récit rythmé où l’on tourne les pages entre éclats de rire et sourires complices, en suivant la trame d’une dramaturgie surprenante et crédible, malgré la fatalité qui insuffle sa force au roman. Le récit ouvre sur une scène jubilatoire, un accident de circulation sur le Paseo de la Castellana, l’artère principale de Madrid qui la traverse du nord au sud. Le narrateur a le malheur de percuter une automobiliste psycho-frigide : -Voyons.
Que s’est-il passé ? Xavier Charreton, ArtsLivres "Il existe des romans qu'on ouvre un peu par hasard et qu'on ne peut refermer avant de les avoir lus en entier, La Flaqueza del bolchevique fait partie de ceux-là. Madrid, lundi. La semaine commence. Mal, comme d'habitude. Embouteillages. Le personnage principal, cadre dans une grande banque, emboutit la voiture se trouvant devant lui. L'agressivité de la conductrice va le pousser à la harceler pour se venger moralement... Le premier chapitre, jubilatoire, nous plonge dans les pensées de ce trentenaire cynique et désabusé, particulièrement odieux et insupportable. Impossible pourtant de le détester totalement...L'histoire va bifurquer lorsqu'il va découvrir l'existence de la soeur de sa "victime", Rosana, lycéenne de 15 ans, aussi belle que futée et dont il va tomber amoureux (on ne peut évidemment s'empêcher de penser à Nabokov). Le récit de cette idylle inquiétante jusqu'à la fin, chemin sans retour, oscille toujours entre la comédie et la tragédie, l'ironie et le lyrisme, le scabreux et la légèreté, le bonheur et la douleur et se double d'un regard sans concessions sur le monde qui nous entoure, le travail, l'ambition, l'individualisme, les convictions et leur évolution." David Cottrel, Académie de Nantes
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